
Longtemps considéré comme un musicien mineur parce qu'il avait voulu avant tout amuser ses contemporains, Jacques Offenbach fait, de nos jours, l'objet d'une redécouverte mondiale. Ses opéras font essentiellement rire des travers humains, raison pour laquelle ils ont conservé une force comique remarquable. Mais son œuvre contient également des morceaux lyriques d'une rare perfection.
Allemand naturalisé français, juif converti au catholicisme, voyageur infatigable, génie musical exceptionnel, auteur de 141 opéras, il incarne au plus haut point l'esprit européen.
Traversée d'influences hébraïques, mais aussi italiennes, allemandes et surtout françaises, sa musique reconnaissable dès la première note, mérite qu'on lui accorde autant d'attention qu'à celle de Mozart ou de Beethoven
Il est aujourd'hui, avec Georges Bizet, le compositeur d'opéra français le plus joué au monde.
Le plus grand compositeur d'opéras bouffes français est né à Cologne (Allemagne) en 1819. Admis au conservatoire de Paris en 1833, alors que le règlement interdit l'inscription d'étudiants étrangers, il s'impose d'abord dans les salons parisiens comme violoncelliste virtuose. La carrière "classique" de compositeur d'opéra dont il rêvait lui étant à peu près fermée, en grande partie à cause de ses origines étrangères, il décide de prendre son destin en main en devenant un "self-made man" de la musique lyrique. Pour cela il créé un genre nouveau : l'opéra bouffe français (appelé par la suite malencontreusement "opérette") et il se produit dans des théâtres qu'il administre lui-même, profitant du vent de libéralisme économique insufflé par le second Empire de Napoléon III.
Héritier de Mozart, de Rossini mais aussi des grands compositeurs français (Auber, Adam, Hérold, Halévy) et allemands de la première moitié du 19e siècle (Weber, Mendelssohn, Schubert), il dévoile au public français une musique inclassable, assise sur une base profondément classique et romantique mais traversée d'élans rythmiques inconnus jusque là, et pénétrée d'une invention mélodique qu'aucun autre compositeur de l'époque ne peut seulement approcher. En ce sens il est bien le Mozart des Champs-Élysées tel que le définissait Rossini en personne.
Son premier grand succès, Orphée aux Enfers (1858) révèle au public parisien ravi la force de son génie musical et l'étendue de la virulence de la satire sociale véhiculée dans ses opéras bouffes. Sa collaboration avec deux grands écrivains français de l'époque Ludovic Halévy (1834-1908) et Henri Meilhac (1831-1897) lui permettent de créer des chefs d'œuvres qui s'imposent rapidement au monde entier : La Belle Hélène (1864), Barbe-Bleue (1866), La Vie parisienne (1866), La Grande Duchesse de Gérolstein (1867), La Périchole (1868), Les Brigands (1869). La chute du second Empire (1870) obligea Offenbach à se tourner vers des ouvrages moins féroces et à exploiter différemment son extraordinaire popularité. Ainsi son voyage aux États-Unis d'Amérique en 1876 rencontre un succès triomphal.
Il meurt le 5 octobre 1880 sans avoir complètement achevé l'ouvrage qu'il portait en lui depuis sa jeunesse, Les Contes d'Hoffmann, qui furent représentés sur la scène parisienne du Théâtre de l'Opéra-Comique en février 1881. Œuvre lyrique "fantastique" inclassable, Les Contes d'Hoffmann sont un des sommets du répertoire du 19e siècle et restent aujourd'hui, avec Carmen (de Bizet), l'opéra français le plus joué au monde.





